Si l’on me demande quelle période de l’année je préfère à Berlin, je réponds sans hésiter : le mois de juin bien sûr ! Au bureau, rares sont ceux qui ont vraiment la tête au travail. Les heures de la journée s’égrènent dans une torpeur ensoleillée qui n’a rien à envier à la douceur de vivre méditerranéenne ; et après s’être gorgé l’épiderme d’ultra-violets, l’on se réfugie volontiers à l’ombre des tilleuls qui nous aspergent délicatement de leur mystérieuse sève gluante, presque comme les brumisateurs des terrasses parisiennes, mais en version 100% naturelle cette fois. Et en parlant des heures de la journée, comme elles sont nombreuses ! Les noctambules qui dansent “jusqu’à l’aube” voient arriver cette dernière dès 3h30 du matin, ce qui tout de même rend la performance un tantinet moins impressionnante. Le soir, c’est le moment d’admirer les plus beaux couchers de soleil de l’année sur la Spree, puisqu’il finit sa course, à cette période, dans l’axe du fleuve, du moins si on l’observe depuis les quartiers en amont du centre (comme Kreuzberg, Friedrichshain ou Treptow). Les rougeoiements de la Spree sont le prélude à l’interminable crépuscule estival, qui s’étire et se prolonge à n’en plus finir, bleu et clair, tantôt tiède et indolent, tantôt bien plus frais et indéniablement “nordique”. Malheur à l’imprudent qui s’est laissé duper par la chaleur diurne et s’est risqué à sortir sans sa veste pour la soirée!
via Les Chroniques Berliniquaises: Beauté de Berlin : la Spree couleur de feu.